Nos chers socialistes fêtent, ou vont
fêter, avec moult agitation, les quatre vingts ans du Front
Populaire et, avant tout, mettent en valeur leur camarde Blum. Un
« socialiste » exemplaire, disent-ils, et dont ils se
réclament la main sur le cœur, tentant de nous vendre le fait qu’il
serait le héros qui nous aurait amené les congés payés, les
quarante heures et les salaires décents. Ils ont oublié un détail
ou deux. En premier lieu, j’ai envie de parler de son attitude face
aux fascistes espagnols. En refusant une intervention directe face à
Franco en Espagne, il se pourrait que Blum ait pris une décision
lourde pour l’avenir de l’Europe entière. Nombreux sont ceux, en
effet, qui pensent que cette intervention, à la suite du soulèvement
des brigades internationales, aurait pu empêcher l’avènement
d’Hitler ou, du moins, la retarder et, surtout, interdire ses
interventions en Espagne, à Guernica, par exemple. En second lieu,
je voudrais reparler des accords de Matignon de juillet 1936. Car il
faut savoir que, dès le gouvernement du Front Populaire élu, en mai
36, les ouvriers de France se sont tous mis en grève, provoquant la
fermeture des usines et la paralysie du pays. Ce n’est donc que
sous la pression du peuple que Blum s’est assis à la table des
négociations avec la CGT et a accepté toutes les mesures qu’on
lui a attribuées à tort. Il se trouve donc que, en 36 déjà, ce
sont des gens « de gauche » qui ont imposé à un
gouvernement « de gauche » tous les avantages sociaux qui
sont aujourd’hui remis en cause par un gouvernement qui se dit « de
gauche » avec sa « loi travail ». En ce sens, les
protestations actuelles de Mme El Khomeri et de Mr Valls sont
quasiment risibles. Si vous les lisez, vous aurez compris qu’ils
sont outrés du fait que des gens « de gauche » puissent
les contester, faire grève et, même, appeler à voter contre eux
une motion de censure. Ce sont les mêmes qui vont vous vanter les
conquêtes sociales de 1936. Vous avouerez qu’il y a comme un
paradoxe. Le texte ci-dessous, qui provient des archives de l’INA,
résume le déroulement des faits. Nos chers ministres devraient un
peu réviser leur histoire. Si, si, un peuple « de gauche »
peut contester un gouvernement « de gauche ». En 1936, il
a ainsi obtenu tous les avantages sociaux qu’aujourd’hui
Hollande, Valls et Macron tentent de détricoter. Il est donc normal
que les personnes les plus concernées protestent par tous les
moyens.
« Ce mouvement de grève
exerce une pression importante sur le nouveau gouvernement dirigé
par Léon Blum, obligé d'adopter très rapidement un large volet de
lois sociales afin de mettre un terme aux occupations d'usines et de
permettre la remise en route économique du pays. Dès le 5 juin
1936, à l'Hôtel Matignon (siège de la Présidence du Conseil),
Blum réunit ainsi les représentants du patronat (CGPF) et ceux du
monde ouvrier (CGT). Jouant un rôle d'abitre entre les deux parties,
le gouvernement permet l'adoption des "accords Matignon",
signés le 7 juin 1936, prévoyant une augmentation générale des
salaires, l'établissement de contrats collectifs de travail,
l'institution de délégués du personnel dans les établissements
employant plus de 10 salariés. Ces accords seront complétés par
deux autres lois votées par le Parlement : la loi sur les congés
payés et celle limitant la durée du travail à 40 heures par
semaine. En contrepartie des accords Matignon, la CGT s' engage à
faire cesser le mouvement de grève, ce qu'elle aura beaucoup de mal
à mettre en oeuvre, malgré l'insistance de ses cadres et du
dirigeant communiste Maurice Thorez ("il faut savoir finir une
grève") : ce n'est que pendant la première quinzaine de
juillet, soit plus d'un mois après les accords Matignon, que le
mouvement de grève cesse définitivement ». ( Source INA)
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