lundi 6 juin 2016

C'est reparti comme en 36 ...

Nos chers socialistes fêtent, ou vont fêter, avec moult agitation, les quatre vingts ans du Front Populaire et, avant tout, mettent en valeur leur camarde Blum. Un « socialiste » exemplaire, disent-ils, et dont ils se réclament la main sur le cœur, tentant de nous vendre le fait qu’il serait le héros qui nous aurait amené les congés payés, les quarante heures et les salaires décents. Ils ont oublié un détail ou deux. En premier lieu, j’ai envie de parler de son attitude face aux fascistes espagnols. En refusant une intervention directe face à Franco en Espagne, il se pourrait que Blum ait pris une décision lourde pour l’avenir de l’Europe entière. Nombreux sont ceux, en effet, qui pensent que cette intervention, à la suite du soulèvement des brigades internationales, aurait pu empêcher l’avènement d’Hitler ou, du moins, la retarder et, surtout, interdire ses interventions en Espagne, à Guernica, par exemple. En second lieu, je voudrais reparler des accords de Matignon de juillet 1936. Car il faut savoir que, dès le gouvernement du Front Populaire élu, en mai 36, les ouvriers de France se sont tous mis en grève, provoquant la fermeture des usines et la paralysie du pays. Ce n’est donc que sous la pression du peuple que Blum s’est assis à la table des négociations avec la CGT et a accepté toutes les mesures qu’on lui a attribuées à tort. Il se trouve donc que, en 36 déjà, ce sont des gens « de gauche » qui ont imposé à un gouvernement « de gauche » tous les avantages sociaux qui sont aujourd’hui remis en cause par un gouvernement qui se dit « de gauche » avec sa « loi travail ». En ce sens, les protestations actuelles de Mme El Khomeri et de Mr Valls sont quasiment risibles. Si vous les lisez, vous aurez compris qu’ils sont outrés du fait que des gens « de gauche » puissent les contester, faire grève et, même, appeler à voter contre eux une motion de censure. Ce sont les mêmes qui vont vous vanter les conquêtes sociales de 1936. Vous avouerez qu’il y a comme un paradoxe. Le texte ci-dessous, qui provient des archives de l’INA, résume le déroulement des faits. Nos chers ministres devraient un peu réviser leur histoire. Si, si, un peuple « de gauche » peut contester un gouvernement « de gauche ». En 1936, il a ainsi obtenu tous les avantages sociaux qu’aujourd’hui Hollande, Valls et Macron tentent de détricoter. Il est donc normal que les personnes les plus concernées protestent par tous les moyens.

« Ce mouvement de grève exerce une pression importante sur le nouveau gouvernement dirigé par Léon Blum, obligé d'adopter très rapidement un large volet de lois sociales afin de mettre un terme aux occupations d'usines et de permettre la remise en route économique du pays. Dès le 5 juin 1936, à l'Hôtel Matignon (siège de la Présidence du Conseil), Blum réunit ainsi les représentants du patronat (CGPF) et ceux du monde ouvrier (CGT). Jouant un rôle d'abitre entre les deux parties, le gouvernement permet l'adoption des "accords Matignon", signés le 7 juin 1936, prévoyant une augmentation générale des salaires, l'établissement de contrats collectifs de travail, l'institution de délégués du personnel dans les établissements employant plus de 10 salariés. Ces accords seront complétés par deux autres lois votées par le Parlement : la loi sur les congés payés et celle limitant la durée du travail à 40 heures par semaine. En contrepartie des accords Matignon, la CGT s' engage à faire cesser le mouvement de grève, ce qu'elle aura beaucoup de mal à mettre en oeuvre, malgré l'insistance de ses cadres et du dirigeant communiste Maurice Thorez ("il faut savoir finir une grève") : ce n'est que pendant la première quinzaine de juillet, soit plus d'un mois après les accords Matignon, que le mouvement de grève cesse définitivement ». ( Source INA)

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