Je vais créer un parti politique,
tiens. Je peux pas appeler ça « on marche » ou « on
court », j’aurais l’air con. Tout le monde sait que je
déteste le sport et, même, « l’activité », comme
disent nos Diafoirus modernes. Je peux pas appeler ça « Assis »
non plus. Personne ne sait rester assis, comme disait Pascal ( le
Grand Pascal, pas moi ..). Je vous parle pas de l’impact d’un
« Couchés ». J’aurais tout de suite les réacs de « la
famille pour tous » contre moi. Et ils sont nombreux, ces cons.
D’ailleurs, en général ( De Gaulle), le con est par essence
nombreux. En plus, quand on est couché, hein !.. Tout se suite,
c’est cochon. Vous savez à quoi pense le « peuple »
dès qu’il est couché. Des porcs ! … J’ai évidemment une
tendance « porc » affirmée et une certaine sympathie
pour le quadrupède omnivore. Mais ça se dit pas quand on veut
mobiliser le peuple. Bon, je pourrais tenter « debout ».
C’est déjà pris. Et puis, debout, c’est fatiguant, à la fin.
Il faudrait peut-être reprendre à zéro. Un parti pour quoi faire ?
Sur quelles idées ? Si je devais me définir, comme ça, d’emblée,
je dirais que je suis un communiste libertaire et keynésien. Vous
voyez bien qu’il y a de la place pour mon parti. Pourquoi Keynes ?
Troublant, non ? Pourtant, ce type, totalement polymorphe, a un côté
« gauchiste » absolument réjouissant. De toutes les
idées qu’il a eues, celle qui me plait le plus reste celle de « la
monnaie fondante ». Késako ? Simple. Si vous mettez de
l’argent de côté … Là, faut que je m’arrête … Quand
j’étais môme, les vieux disaient « mettre de l’argent à
gauche pour l’avoir à droite ». La sagesse populaire, on
appelle ça. On met de l’argent de côté pour « voir
venir », surtout quand on est à gauche, pauvre, quoi, mais le
fait de l’avoir vous rend immédiatement « de droite ».
Parenthèse fermée. Donc, Keynes propose que tout argent « dormant »
finisse par coûter s’il reste trop longtemps à l’abri. Adieu
épargne, adieu spéculation, adieu l’enrichissement en dormant,
adieu la bourse, adieu … Monnaie fondante, on dit. L’argent est
fait pour circuler et, s’il ne circule pas, adieu ! … Cette
mesure simple, au demeurant, n’a évidemment pas la faveur des
capitalistes. Mais elle n’a aucune chance d’être quelque jour
adoptée à cause et seulement à cause des « petits
épargnants » qui craignent de perdre les cinq cents Euros
qu’ils ont réussi à économiser. Je la mets quand même à mon
programme. Après, je suis communiste. Pas un sovietiste, encore
moins un stalinien. Je suis communiste au sens où je prône que tout
doit être un bien commun. Les banques, les routes, l’énergie,
l’eau, l’éducation, la nature, tout, quoi, excepté votre
maison, votre jardin, votre voiture, vos biens privés en général …
Sauf vos usines et vos petites entreprises. Là, normalement, le
monde ancien est par terre. Mais j’ajoute encore un point :
libertaire. Le point qui m’exonère de toute accusation de
stalinisme. Libertaire, ça veut dire : je fais ce que je veux de mon
corps. Je suis homo, hétéro, bien coiffé, propre, j’avorte, je
porte enfant pour autrui, je vis à poil, je conchie la religion, je
la respecte, je porte voile, je le refuse, je dépose mon argent à
la banque ou non, j’ai internet ou non, je fais ce qui me passe
par la tête, sur tous les sujets, mais seulement et uniquement si
je le veux. Et personne ne me dit quoi faire. Là, je vous ai emmené
sur Mars. Avec moi, c’est adieu, veaux, vaches, cochons, capital,
pognon, propriété, usines, capital, banques, adieu le superflu qui
nous pourrit la vie depuis de décennies. Les plus pessimistes
d’entre vous pensent qu’avec un tel programme, je vais faire zéro
pour cent aux élections. Moi, indécrottable optimiste, je pense que
je pourrais faire un score négatif. Moins zéro virgule sept pour
cents. Comment ? Parce que je pense que parmi les humains, certains
sont capables de déposer dans l’urne un bulletin qui sera, hélas,
compté comme nul et sur lequel ils auront pris le temps d’inscrire
: tout sauf Pratz ! … Vous souriez ? Vous avez tort. Parce que vous
ne savez pas tout de moi. J’ai été élu. Et, lors des élections
municipales de 2008, fin de mon second mandat, je me suis retiré des
affaires parce que mes amis Verts, vous savez, ceux qui ne pensent
qu’à avoir des postes où ils pourront tripoter des femmes en
toute impunité ou piquer dans la caisse, ceux-là, ont passé un
message à la majorité de gauche municipale. Un simple message :
tout sauf Pratz. Au vu de la politique qu’ils assument depuis, ils
avaient raison et, avec le recul, je les remercie de m’avoir
épargné ça.
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