Rocard. Belle unanimité bêlante …
Micheeeeeel ! … Moi, l’unanimité, je lui trouve toujours un air
suspect … Présentement, je trouve même qu’elle vire à la
propagande. Pour les dirigeants actuels, évidemment, chacun
s’empressant de rappeler sa filiation avec le grand homme, mais
également pour la « loi travail » qui, comme vous savez,
est une loi typiquement rocardienne, particulièrement son article 2,
nous disent-ils, allant jusqu’à affirmer que les accords
d’entreprise seraient une sorte d’autogestion. Oubliant au
passage qu’autogestion signifie absence de patron. Ce qui en fait
une comparaison paradoxale. Aucun employé n’est libre de ses choix
lorsque son entreprise est dirigée par un patron. Ce rapport
inégalitaire impose la soumission. Parler d’autogestion est
parfaitement ridicule dans ce contexte. Mais la mort du héros tombe
à pic. Et peu importe si l’on se permet de faire parler un mort,
au passage. Il est très étrange de réécouter les déclarations de
Rocard à l’assemblée, lorsqu’il était premier ministre et que
sa loi sur la CSG était refusée par une partie de la gauche. Trois
mots : conservatisme, immobilisme, passéisme. Les mêmes,
exactement, que Valls aujourd’hui. Pas de hasard. Notre petit
torero se dit héritier du grand homme. Et je pense que c’est
totalement vrai. Pour moi, Rocard est et restera l’homme de
Charléty. Le 27 mai 1968, en plein mouvement plus ou moins
révolutionnaire, Rocard organise un rassemblement anti-marxiste.
Car, cet homme se définit exclusivement par deux qualificatifs :
chrétien et anti-marxiste, au sens large, anti tout ce qui est de
près ou de loin relié au communisme. Inutile, je pense, de revenir
sur la guerre qui oppose, depuis le 19° siècle marxisme et
religion, les deux pensées étant considérées comme deux dogmes
incompatibles. Chrétien et anti-marxiste sont deux mots qui
qualifient aussi parfaitement Mr Valls. d’où les charges
incessantes et quasi diffamatoires sur la CGT et la tentative de
marginalisation de tout ce qui se trouve sur la gauche du PS. Ainsi,
l’œuvre de Mitterrand, qui était d’effacer le parti communiste
du paysage en signant une alliance, contre l’avis de Rocard qui ne
voulait pas en entendre parler, est aujourd’hui reprise par Valls
qui tente le coup de grâce. Je ne lui souhaite pas de réussir. La
mort de Rocard tombe au bon moment dans ce plan d’ensemble. Pour ce
qui me concerne, j’aurais préféré que ses idées meurent avec
lui.
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