Je n’ai absolument rien de
consensuel. Pire, j ‘aime le débat, le conflit, les clivages,
les opinions tranchées, les engueulades et les ruptures. Pire
encore, je n’aime pas mes contemporains. En tous cas pas tous, loin
s’en faut. Et, pire du pire, je suis intolérant sur des sujets
choisis. Le nazisme et ses symboles, la religion et ses signes, la
tyrannie, la médiocrité, et, justement, le consensus. N’allez pas
croire pour autant que je suis capable de vous faire du mal, vous
tuer ou vous torturer. Pour moi, il y a un monde entre dire ce que je
pense et agir selon ce que je pense. Vous pouvez bien faire ce que
vous voulez de votre corps et de votre esprit. Je m’en contrefous.
Par contre, je ne me prive pas de vous dire que c’est une sottise,
une crétinerie ou une connerie. Que vous êtes cons, quoi, tout
simplement. Et n’allez surtout pas croire que je manque de ce que
vous appelez, sans en rien savoir, l’empathie. J’ai une opinion
très personnelle et très documentée de ce qu’est, en réalité,
l’empathie. Je suis doté d’une catastrophique empathie. De
celles qui permettent de terminer à peu près toutes les phrases à
la place de mes interlocuteurs. Et, sur l’empathie, j’ai déjà
fait part de mes idées ici :
http://pascalpratzphilo.blogspot.fr/2011/06/empathie.html.
Vous comprendrez, dans ces conditions, que les temps présents, faits
de meurtres et de douleur, à quoi certains répondent par des
dégoulinades de guimauve poisseuses et glauques selon lesquelles
nous nous aimerions tous, penserions tous la même chose et serions
en communion, sont, pour moi, d’une part, une vaste rigolade et,
d’autre part, une superbe démonstration de connerie mièvre et de
stupidité généralisées.
Dans le même registre, je ne considère
pas l’expression « mémoire collective » comme une
chose crédible. L’un des mots les plus utilisés en ces temps de
dupes est un mot religieux, œcuménique, qui, de fait, me fout dans
une rage folle, parce qu’il accrédite le recours à la religion et
le réflexe du « tous à la messe » qu’on voit partout
se généraliser. Un démocrate républicain digne de ce nom ne
devrait jamais mettre les pieds dans une église, un temple, une
synagogue ou une mosquée avec l’idée d’y représenter l’état.
Dans le même genre, je ne supporte pas de voir, après les
attentats, s’ériger des autels de plein air avec bougies, fleurs,
pensées affligeantes de simplisme déposées sur des papiers, sortes
de paganisme puéril sans réel dieu autre que le bon sentiment.
Lorsque je vois ces rites grotesques, je constate une évidence : le
crime a encore de beaux jours devant lui. Je n’aime aucun
consensus.
dimanche 17 juillet 2016
mercredi 6 juillet 2016
Rocard
Rocard. Belle unanimité bêlante …
Micheeeeeel ! … Moi, l’unanimité, je lui trouve toujours un air
suspect … Présentement, je trouve même qu’elle vire à la
propagande. Pour les dirigeants actuels, évidemment, chacun
s’empressant de rappeler sa filiation avec le grand homme, mais
également pour la « loi travail » qui, comme vous savez,
est une loi typiquement rocardienne, particulièrement son article 2,
nous disent-ils, allant jusqu’à affirmer que les accords
d’entreprise seraient une sorte d’autogestion. Oubliant au
passage qu’autogestion signifie absence de patron. Ce qui en fait
une comparaison paradoxale. Aucun employé n’est libre de ses choix
lorsque son entreprise est dirigée par un patron. Ce rapport
inégalitaire impose la soumission. Parler d’autogestion est
parfaitement ridicule dans ce contexte. Mais la mort du héros tombe
à pic. Et peu importe si l’on se permet de faire parler un mort,
au passage. Il est très étrange de réécouter les déclarations de
Rocard à l’assemblée, lorsqu’il était premier ministre et que
sa loi sur la CSG était refusée par une partie de la gauche. Trois
mots : conservatisme, immobilisme, passéisme. Les mêmes,
exactement, que Valls aujourd’hui. Pas de hasard. Notre petit
torero se dit héritier du grand homme. Et je pense que c’est
totalement vrai. Pour moi, Rocard est et restera l’homme de
Charléty. Le 27 mai 1968, en plein mouvement plus ou moins
révolutionnaire, Rocard organise un rassemblement anti-marxiste.
Car, cet homme se définit exclusivement par deux qualificatifs :
chrétien et anti-marxiste, au sens large, anti tout ce qui est de
près ou de loin relié au communisme. Inutile, je pense, de revenir
sur la guerre qui oppose, depuis le 19° siècle marxisme et
religion, les deux pensées étant considérées comme deux dogmes
incompatibles. Chrétien et anti-marxiste sont deux mots qui
qualifient aussi parfaitement Mr Valls. d’où les charges
incessantes et quasi diffamatoires sur la CGT et la tentative de
marginalisation de tout ce qui se trouve sur la gauche du PS. Ainsi,
l’œuvre de Mitterrand, qui était d’effacer le parti communiste
du paysage en signant une alliance, contre l’avis de Rocard qui ne
voulait pas en entendre parler, est aujourd’hui reprise par Valls
qui tente le coup de grâce. Je ne lui souhaite pas de réussir. La
mort de Rocard tombe au bon moment dans ce plan d’ensemble. Pour ce
qui me concerne, j’aurais préféré que ses idées meurent avec
lui.
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